SPARKLEHORSE

Dreamt for a light years in the belly of a mountain Capitol/EMI


Il y a cinq ans, on avait laissé Mark "Sparklehorse" Linkous nous dire que "la vie est belle", et le chanter sur un album lumineux, peuplé d'invités prestigieux et d'animaux en tout genre. Et on le croyait, le bougre, on le croyait, car Linkous était revenu de l'enfer : drogue, alcool, accident, coma... Son silence, tout juste rompu par sa participation en tant que producteur à un album de Daniel Johnston, laissait penser que l'homme se consacrait à cette nouvelle félicité, alors qu'en fait, il couvait une vilaine dépression et touchait une fois de plus le fond. Ce quatrième album, énième renaissance d'un artiste majeur, ne déçoit pas : reprenant les choses là où il les avait laissées, Linkous s'élève immédiatement au-dessus de la mêlée. Murmurés autant que chantés, les premiers morceaux semblent arrachés à même la mélancolie de leur auteur (point culminant, le fragile et bouleversant Shade and honey). Le disque se poursuit sur un élan plus rock, et Sparklehorse signe ici quelques-unes de ses meilleures compositions dans ce registre (en particulier l'énergique diptyque Some sweet day/Ghost in the sky). Linkous offre ensuite à l'auditeur un beau cadeau, le splendide et délicat Morning Hollow, exécuté par un petit orchestre incluant Tom Waits au piano, alors qu'il s'agit de la chanson la plus intime de l'album. Après ce sommet, Sparklehorse revient parmi ses semblables, pour quelques titres que n'auraient pas reniés feu-Grandaddy, avec qui Linkous partage cette envie d'une pop artisanale, terrienne et terrestre ; humaine, trop humaine.CC


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ALI FARKA TOURÉ