Le Script

Rick Moody L'Olivier


Alors qu'un certain nombre d'écrivains américains commencent à aborder le 11 septembre et ses conséquences par le prisme de la fiction (notamment Jonathan Safran Foer, en attendant Jay Mc Inerney ou John Updike), Rick Moody choisit de situer son dernier récit, Le Script, dans la période qui précède les attentats. Nous sommes en 2000, juste au moment de l'élection à la présidence de Georges W. Bush, lorsque débute cette comédie humaine située dans le superficiel et désolant microcosme du cinéma et de la télévision. Vanessa Meandro est une productrice aigrie et mal dans sa peau (l'addiction aux beignets dont elle est victime n'arrange pas les choses) qui vit seule chez sa mère alcoolique. Ses aventures rocambolesques à la poursuite du manuscrit du siècle, le fameux script, nous invitent dans les méandres d'un univers télévisuel gangrené par le profit, la bêtise et la vacuité, et donnent à Rick Moody l'occasion de digresser avec férocité au gré des personnages et des anecdotes. Alors que cette cinglante comédie sociale évolue progressivement vers une véritable réflexion sur le cinéma, le spectacle, la culture et la télévision, on repense immanquablement à l'incipit du roman, un extraordinaire générique d'une vingtaine de pages, au cours desquelles Moody nous livre un modèle de travelling littéraire, en décrivant l'avancée progressive du soleil et de la lumière qu'il dégage sur les différentes parties du globe. Une lumière aveuglante, qui, à l'image du mirage hollywoodien, commençait par briller à Los Angeles avant d'éblouir le reste du monde...YN


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