M WARD

Post war 4AD/Beggars


Après la guerre : voilà d'où parle ce quatrième album de M Ward, songwriter folk américain dont la réputation discrète pourrait bien ici trouver un écho nettement plus large. Mais "l'après" a toujours été le point de vue de Ward : après le deuil, la rupture, les drames, comment continuer à vivre ? Cette affaire-là n'est pas qu'une question d'écriture - même si les textes de M Ward sont parmi les plus bouleversants qui soient - mais aussi une matière musicale. Convertir la tristesse en joie, commencer une chanson dans sa chambre (piano-voix ou guitare-voix) et l'envoyer ensuite voir le monde (orchestrations, chœurs...), M Ward ne fait que ça. La concision des morceaux de Post War (parfois, une minute trente suffit pour embrasser une stupéfiante palette d'émotions) fait ainsi écho à leur ampleur, comme dans ce Chinese translation où une petite fable est racontée deux fois, à la façon des poupées russes, et acquiert ainsi une dimension de maxime universelle. Mais le plus beau sur ce dernier album, c'est la manière dont il s'inscrit dans une Histoire de l'Amérique : à la manière de Woody Guthrie chantant la Grande dépression dans les années 30 ou Dylan répondant à la guerre du Vietnam dans les années 60, M Ward semble chercher la musique qui réconciliera un peuple avec ses illusions perdues. Pas un de ces brûlots réactifs anti-Bush qu'on a un peu trop entendu ces dernières années, juste un disque positif pour dire que les carottes ne sont pas encore cuites, ou alors qu'il faut les cuire ensemble, ente éclopés de la vie.CC


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L'Impasse