EXTRA GOLDEN

Ok oyot system Thrill Jockey/Discograph


Bon, à côté des dernières livraisons de certains monstres sacrés de l'indie music, fort réjouissantes d'ailleurs (Yo la tengo, Bonnie Prince Billy, mais on en reparlera...), cet album est un petit poucet. Racontons d'abord son "histoire" : Ian Eagleson, un agitateur de la scène rock underground de Washington, passionné de world music et préparant une thèse de doctorat sur la musique kenyane, emmène un de ses potes à Nairobi pour y rencontrer deux musiciens locaux et dialoguer musicalement avec eux. Cela donnera Ok oyot system... Pour ne pas éluder les différences entre les deux cultures, on y chante en anglais ou en kenyan, on y respecte le sens de la durée des uns et des autres, et on ne cherche surtout pas à marier le tout dans une approche "exportable". Pourtant, un diapason se crée et cette musique devient réellement fascinante : notamment lorsque, sans tapage, la batterie américaine vient prendre la relève des percussions africaines sur un même rythme ou quand les guitares artisanales au son strident ne font plus qu'une avec le dernier cri de l'électricité made in USA. Mais ce n'est pourtant pas sur cette valeur que les quatre musiciens se rejoignent : ce sont les sentiments avec lesquels ces six chansons ont été enregistrées, de la puissance (Ilando Gima Once, en ouverture) à la fragilité (Nyajondere, sublime complainte finale). Fin de l'histoire : peu de temps après leurs sessions, Otieno Jagwasi, le chanteur kenyan d'Extra Golden, disparaissait terrassé par le Sida. Au fait, Ok oyot signifie "Ce n'est pas facile" en kenyan... CC


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M WARD