Micah P. Hinson

Micah P. Hinson and the opera circuit Sketchbook/La Baleine


Il y a les artistes que l'on aime, ceux que l'on n'aime pas et ceux dont on se contrefout. Et puis il y a les amis. Ceux qui, au-delà de simples considérations musicales, ont su se frayer un chemin dans les méandres de nos corps sensibles pour toucher directement au cœur. Ceux dont les âmes, souvent tourmentées, semblent voguer dans les mêmes eaux que les nôtres, dont les voix semblent vibrer comme si elles sortaient de nos propres poitrines. Des frères de larmes - de joie ou de peine - dont on attend fébrilement chaque nouvel enregistrement, comme si l'on attendait une lettre qui nous dirait comment va la vie et nous permettrait, en y répondant, de faire un petit point sur l'état de la nôtre. Micah P. Hinson est de ceux-là. Dès les premières notes de son premier album, Micah P. Hinson and the gospel of progress, on avait compris que cette voix - étonnamment proche de celle d'un autre très vieil ami, Bill Callahan (Smog) - percerait très vite tous les secrets de notre intimité. Deux ans plus tard, les retrouvailles sont bouleversantes. Fidèle à son beau sens du collectif, Hinson creuse son sillon "folk progressif" - un motif mélodique répété à l'envi et les instruments qui se superposent au fur et à mesure jusqu'à atteindre une certaine transe artisanale -, mais enrichit sa palette en signant quelques morceaux à la structure moins systématique et en s'autorisant même quelques refrains à l'occasion. Disque de convalescence enregistré au gré des visites amicales alors que Micah récupérait d'un grave accident, MPH and the opera circuit s'avère moins facile à cerner (tant mieux), mais tout aussi vibrant que son prédécesseur. Merci l'ami.EA


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