Espers

Espers II Wichita/Coop/V2


Est-ce parce que l'on était en plein visionnage de Deadwood (l'extraordinaire "série western" de David Milch), mais la beauté tragique d'Espers II nous a immédiatement pris aux tripes. Entrelacs de guitares aux harmonies flottantes, percussions archaïques évoquant le pas solennel d'un attelage inquiétant, violoncelle plaintif, orgue sépulcral, voix féminines drapées de noir… tout dans la magnifique ouverture de l'album nous ramenait immanquablement à cet ouest américain fantasmé, à ce cortège funèbre imaginaire traversant les rues boueuses d'une ville de pionniers endeuillée. Tout au long de ces sept titres amples et majestueux, le collectif "acid folk" de Philadelphie déploie un art du sombre que peu ont poussé aussi loin sans verser dans l'ennui ou le glauque le plus plombant. Dead queen, Widow's weed, Dead king... c'est officiel, l'ambiance n'est pas à la franche rigolade, mais les orfèvres d'Espers sont de ces magiciens qui, à sublimer la tristesse la plus infinie, parviennent à un certain absolu du désespoir, tout simplement euphorisant. Pour tous les amateurs de requiem païens, une bien belle façon de patienter jusqu'au prochain Matt Elliott.EA


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