Réveillez-vous, Monsieur !

Jonathan Ames Joëlle Losfeld


En narrant les tribulations d'un jeune dandy flanqué d'un fidèle valet nommé Jeeves, l'auteur de L'Homme de compagnie exprime clairement son admiration pour l'œuvre de l'écrivain anglais P.G Wodehouse. En lieu et place de Bertie, nous retrouvons donc Alan Blair, un jeune auteur en mal d'inspiration victime de nombreux troubles psychologiques : alcoolique, hypocondriaque, dépressif, Blair ne cesse de s'interroger sur son homosexualité latente et son appartenance (malgré son apparence anglo-saxonne) à la communauté juive. Son arrivée dans une villa d'artistes pour une résidence d'écriture ne va pas faciliter les choses : entouré d'une galerie de personnages tous plus fêlés les uns que les autres, ce dernier va enchaîner les mésaventures et les excès (notamment éthyliques), avec pour seul soutien la présence de l'imperturbable Jeeves. Les conversations entre maître et valet (on pense parfois à Jacques le fataliste), systématiquement ponctuées par Jeeves d'un sempiternel "Très bien, Monsieur", sont d'une drôlerie constante. Jonathan Ames prouve là encore son sens du dialogue percutant et ironique, qui se combine à une véritable maîtrise du comique de situation, ce qui n'est finalement pas si courant. En résulte un roman drôle, fantaisiste et loufoque, animé par une verve incomparable. Un roman qui cherche à nous divertir, et qui y parvient. YN


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The Staircase (Soupçons)