Fragile

Jaume Balaguero Studio Canal


Voilà un mystère beaucoup plus effrayant que l'intégralité de la saison 2 de Lost : comment expliquer les sorties salle à la chaîne de films d'horreur frelatés (Boogeyman, Terreur sur la ligne, The Fog, Reeker...), et le passage direct par la vidéo pour ce petit bijou d'épouvante ? Vous n'aurez pas de réponse, les voies de l'exploitation du 7e art (et des scénaristes de Lost) sont impénétrables. Récapitulons brièvement : après un coup d'essai déjà génial (La secte sans nom), Balaguero enquillait sur le roublard Darkness en coproduction américaine. Attendu au tournant après cette (très relative) déception, le jeune cinéaste nous a fait très peur avec cette nouvelle coprod', intronisant Calista Flockhart (Ally McBeal, pour les distraits) en tête d'affiche. À la vision du film, les craintes s'envolent dès l'horrible pré-générique, dans le ton d'un film exploitant avec une redoutable aisance la gamme des peurs enfantines. Fragile recèle, sous ses dehors de long-métrage bis vu et revu, un développement particulièrement touchant de ses personnages, comme un usage atrocement efficace de son "monstre". Nous n'avons pas affaire au chef-d'œuvre de l'année, mais à l'une de ces belles surprises récompensant le mérite des films exigeants, dont on n'attendait pas grand-chose. Et à côté des produits hollywoodiens cités en début de texte, c'est du Orson Welles ! FC


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