Zulawski par Zulawski

Jacub Skoczen Doriane


On peut penser ce que l'on veut d'un cinéaste perdu dans des vertiges artistiques insondables, ce portrait d'Andrzej Zulawski ne manquera pas de fasciner à égale mesure les aficionados et les détracteurs, les novices comme les érudits. Si la biographie du plus fameux cinéaste d'origine polonaise en activité ne légitime en rien ses errances esthétiques, elle explique en partie le chaos dont s'imprègnent ses œuvres, parfois à bon escient (L'important c'est d'aimer, Possession) mais souvent dans des proportions trop grandiloquentes (L'amour Braque, Chamanka, La Fidélité). Le documentaire ne se laisse d'ailleurs aller que lors des extraits choisis, mettant en exergue une caméra d'une mobilité extrême, en porte-à-faux radical avec le statisme retenu de mise lorsque le metteur en scène s'exprime sur son vécu chargé. Des premiers souvenirs de gosse où il voyait les prisonniers de guerre se faire exécuter de son balcon, à son exil forcé de Pologne, pour avoir voulu sonder la trouble psyché de son pays natal dans l'un de ses premiers films (Le Diable), jusqu'à sa reconnaissance en France - qui ne fera que conforter son amertume sur le genre humain - Zulawski par Zulawski dresse le portrait passionnant d'un misanthrope luttant contre sa nature. Avant que son effroyable lucidité ne reprenne le dessus, jusque dans les rouages torturés de sa vie intime. Les interviews en bonus servent plus de béquilles à ce discours qu'autre chose, mais le film suffit amplement malgré sa courte durée (52 minutes). FC


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