Art Brut

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Bang Bang Rock & Roll est le disque de l'été. Mais de l'été 2005. Sorti l'an dernier aux bons soins d'une valeureuse petite maison (Rue Stendhal qui nous a récemment émerveillés avec Ramona Córdova), le premier album d'Art Brut ressort aujourd'hui en grande pompe : major compagnie et disque d'inédits (de très haute volée !) en prime. Art Brut, c'est un peu ce que le rock anglais nous a donné de plus rafraîchissant depuis un bon bout de temps. Art Brut, c'est surtout un homme - sans vouloir offenser ses quatre acolytes, par ailleurs irréprochables -, Eddie Argos, fils spirituel de Jarvis Cocker (Pulp) et de Jonathan Richman (The Modern Lovers), dont il partage l'implacable sens du récit et le détachement élégant, sans pour autant noyer les sentiments sous une couche d'ironie bien confortable. Les histoires rocambolesques que raconte Argos transpirent une sincérité et une foi en un idéal - devenir rock star et trouver une chic fille à qui tenir la main - qui désarmeraient le premier peine à jouir venu. Qu'il se moque du snobisme des fans de rock indé (My little brother), qu'il dépeigne avec brio la mécanique intime d'une panne sexuelle (Rusted guns of Milan, ce titre !) ou qu'il avoue "envisager de s'installer à L.A.", pour zoner avec Axl Rose et boire des coups avec Morrissey (Moving to L.A.), Argos s'affirme comme l'un des paroliers les plus affûtés de son époque, admirable chroniqueur d'un succès espéré. "Nous serons le groupe qui écrira la chanson qui réconciliera Israël et Palestine", dit d'entrée de jeu le manifeste Formed a band. À se perdre dans les méandres de la plume brillante d'Art Brut, on serait tenté d'y croire. D'autant que la légende fait état d'un autre de leurs titres aux effets dévastateurs : dans Emily Kane, notre héros regrette ses 15 ans et sa petite amie d'alors, à jamais irremplaçable. Eh bien, paraît-il qu'après avoir entendu le morceau à la radio, la jeune fille l'aurait rappelé. Le rock'n'roll, parfois, c'est beau.EA

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