Merz

Loveheart (Grönland/Differ-ant)


Il y a des disques comme ça. On les écoute la larme à l'œil, le tympan en extase, et un regard maso sur ce ciel trop bleu, cet amour trop heureux, bref, toutes ces choses radieuses dans notre vie, qui nous éloignent à tort de la "pop à mouchoirs". Car voilà, tout le monde, même sans Prozac, devrait avoir droit à son heure de spleen idéal, surtout si c'est pour la passer en compagnie d'un type comme Merz. Un cœur brisé comme le XXIe siècle n'en fait plus, et qui avait disparu sans laisser d'adresse à la fin des 90's, fort d'un premier album à la splendeur de soleil couchant. Ensuite, ce fut la nuit noire : viré de chez Sony pour cause de ventes désertiques, Conrad Lambert avait préféré le silence aux concessions mercantiles, et sept ans s'écoulèrent sans qu'il donne de nouvelles. Jusqu'à cette Postcard from a dark star ressurgie des limbes, et qui ouvre aujourd'hui la voix - déchirante et délicate à la fois - à ce nouveau sommet de 'mélanco-mélodie'. Comme si Thom Yorke tendait un kleenex à Syd Matters, Loveheart console, Loveheart cajole, Loveheart embarque d'une seule traite sur son nuage aux arrangements séraphiques (céleste Butterfly), évaporé ça et là dans la nostalgie du folk anglais (Nick Drake, Simon & Garfunkel...). Ukulélé et mandoline, clavecin et violoncelle, les envolées romantiques de Merz irradient d'une beauté qui plane hors du temps. Tant et si bien que si Loveheart ne lui permet pas de décoller, enfin, à la hauteur de son talent, cette fois c'est sûr, ça nous fera une bonne raison de pleurer en l'écoutant... SL


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