Camille

Live au Trianon Virgin/EMI


Le voile de sa robe de mariée postiche se déploie sur la couverture comme une chrysalide. En montant sur scène, Camille est sortie du cocon un rien dépressif qui encombrait l'écoute du Fil, album de studio encore un peu trop enfermé sur elle-même pour vraiment devenir un disque de chevet. Ce Live au Trianon n'est pas seulement idéal pour ceux qui traquent la magie de l'instant sans supporter, lors des concerts, la promiscuité de leurs contemporains. Il sonne surtout comme une libération. Moins chargé en arrangements, le pouls battant d'un bout à l'autre au rythme des bodypercussions et autres breakbeats vocaux, il lui permet plus d'espace, laissant cette voix tour à tour solide et fragile se déployer dans un vertige permanent. Gamine, femme, garçonne, diva ou rockeuse, Camille peut tout chanter : des trois ballades sublimes sur les amours en partance (Pour que l'amour me quitte, Pâle septembre et Quand je marche) jusqu'au boogie frénétique de la fin du Sac de billes et autres pétages de plomb. La présence, minutieuse, du piano et des claviers, apportent un côté bastringue, populaire et chaleureux, qu'on ne soupçonnait plus. Chaque rythme est porté, chaque mot résonne, au point de former une véritable osmose avec trois fois rien, même lors de ses élucubrations les plus débridées. Le tout pour chanter l'amour de la façon la plus organique qui soit, quelque part entre les éruptions toniques d'une Catherine Ringer et la faille gracile des petites sœurs gainsbourgeoises. Un nouveau langage amoureux pour cette petite-fille de Barbara, pendant féminin des liens défaits de Jean-Louis Murat. LH


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