MORRISSEY

Ringleader of the tormentors Attack / Pias


"Pasolini, c'est moi, Visconti, c'est moi", déballe Morrissey non sans humour dans son dernier single, You have killed me, modèle de grand rock FM. On ne sait si sa virée amoureuse à Rome lui a filé la grosse tête. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'à entendre ses textes, depuis les délices et orgues de Dear God please help me, ballade salace suspendue aux cordes d'Ennio Morricone, jusqu'au feu d'artifice amoureux de Life is a pigsty ("La Vie est une porcherie", 7mn de transe aux percussions orageuses), ses vacances romaines ont su lui procurer d'autres grosseurs... L'énergie transpire par tous les pores et l'on retrouve ici bon nombre d'ingrédients de You are the quarry, génial et précédent opus du vieux beau crooner électrique désormais exilé : tranches de vie d'ados dégénérés (The Youngest was the most loved, tube garanti), relents mélodiques sixties (In the future when all's well) et des arrangements toujours aussi joyeusement anarchiques (avec en prime une trompette folle et des chœurs d'enfant sur deux titres). Et surtout, cette voix incroyablement extensible qui oscille entre le charme mâle dans les graves et l'ado extatique quand il grimpe dans les aigus. Plus nerveux et plus sexuel que You are the quarry, moins politique et moins romantique aussi, ce "leader des tortionnaires" rejoint en petit frère bâtard les sommets d'Irish Blood, English Heart ou Let me kiss you, et démontre à loisir que le misanthrope classieux du rock débraillé a toujours la trique. Et s'il ne veut "jamais devenir le héros de quelqu'un", nous, on est toujours groupie jusqu'à aller crier "You have killed me" à l'Olympia lors de son unique concert français. LH


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Josh Rouse