REVERSE ENGINEERING

"Duck & Cover" (Jarring Effects/Pias)


Il y a belle lurette que Jarring Effects ne se cantonne plus au dub lyonnais qui a fait la gloire de High Tone. Les dernières recrues en date, un jeune duo Suisse jusqu'alors axé sur le live, déboulent dans les bacs avec un premier album en parfaite rupture avec l'esthétique jaune-vert-rouge du rasta de base. Avec Reverse Engineering, changement de décor, de rythmes et de couleurs. Ambiance Guerre des mondes propulsée dans l'antre de Giger, place aux robots warriors d'un Mad Max qui se transpose volontiers en terrain miné, chars d'assaut hip-hop conduits d'une patte d'acier sur les ruines d'un chantier indus. Worldwide Panic, Tug O War, Attack of the 50ko Creatures : les titres d'Alain Decrevel et David Pieffet sont suffisamment éloquents pour que l'on soupçonne ces sorciers de la "technologie inversée" d'avoir fomenté sous le manteau la bande-son, parfaite, de La Demeure du Chaos. Pourtant, Reverse Engineering n'est pas né sur les décombres de Ground Zero, mais sur les rives plus paisibles du lac Léman. Sans doute est-ce ce recul salutaire qui leur permet aussi, sur certains titres, de mettre un bémol à la violence du monde technologique. De Porcinet à Clarity (featuring Blu Rum 13), le fer croise d'abord les basses avec d'envoûtantes mélodies, le charme opère, et une certaine beauté, crépusculaire, fleurit naturellement sur le trash. Les fans d'Anticon et Def Jux apprécieront, en attendant leur live réputé intense lors de la soirée Reperkusound à Villefranche la semaine prochaine. SL


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