BETH ORTON

Comfort of strangers EMI


Ce n'est pas faute d'avoir chanté avec des grosses pointures : Beck, Terry Callier, Chemical Brothers ou encore Ben Harper (qui sur son dernier double album a sévèrement des cors au pied). Pourtant, Beth Orton n'est toujours pas reconnue à la hauteur de cette voix de soul blanche à la personnalité aussi complexe qu'inclassable. Égérie britannique de l'electro-folk, quelque part entre Suzanne Vega et Ani Di Franco, voilà qu'elle sort un quatrième album à la chaleur boisée, exclusivement acoustique, enregistré à fleur de voix et en très peu de prises avec la complicité classieuse de Jim O Rourke (ex Sonic Youth). Le résultat sort dans l'indifférence quasi-générale et c'est bien dommage car ce songwriting à la force tranquille vieillit avec la constance de la saveur de l'authentique. Rien à jeter dans ces quatorze titres brefs et chatoyants à souhait, où évoluent par touches délicates guitares, marimba, piano, chœurs ou l'orgue subtil des Pieces of sky qui portent au pinacle un des plus beaux disques de l'année. Écriture sensible sans chichi ni fioriture, franche et sobre comme la voix à peine cassée de cette chanteuse atypique, moins geignarde qu'auparavant. Beth Orton file doux et droit au cœur, depuis les ballades amoureuses d'Absinthe, A Place aside ou Feral, jusqu'aux rythmiques soul du génial Conceived. Les percussions sourdes et souterraines de Rectify ou les balais espiègles de Comfort of strangers battent comme un cœur la chamade dans ce disque de sortie d'amour. Tandis que quelques violons ponctuels à la Dylan signent l'horizon de ce paysage d'après la pluie et les amours mouillées. Une pop peinarde et habitée qui lave de toutes les impuretés passées. LH


<< article précédent
REVERSE ENGINEERING