La Meilleure Façon de marcher

CLAUDE MILLER MK2 Editions


Premier film de Claude Miller, La Meilleure façon de marcher contient tout ce que le cinéma psychologique peut offrir de mieux. Du face-à-face banal entre deux moniteurs de colo va découler deux facettes de la masculinité. L'une virile, imposante, nerveuse, dont la truculence est toujours au bord de la violence et se sert des autres pour mieux faire sa loi (Dewaere, dans un de ses grands rôles). L'autre introvertie, hypersensible et solitaire (Bouchitey, totalement à contre-emploi en homme triste et fragile, consumé par la beauté des faibles). Mais aussi ambigu soit ce personnage qui s'adonne au travestissement à l'occasion de cours de théâtre, ce n'est pas tant sur les plates-bandes de l'homosexualité ou de la quête d'identité que marche le film, mais sur le terrain beaucoup plus miné de la cruauté et l'intolérance. À travers l'attraction-répulsion entre Philippe et Marc, Claude Miller guette ce qui reste flottant dans le rapport entre deux êtres, le fantasme (superbe scène de la piscine), mais aussi la jalousie, la honte et finalement, le rejet de la différence. Il traite de cette hypocrisie que chacun traîne avec ses propres pulsions, de la violence du non-dit, de la façon dont l'humiliation peut être entretenue aussi dans un milieu grégaire comme celui des colonies, et comment elle peut nous marquer jusqu'à nous poursuivre grandi. Le tout dans une comédie limpide avec en prime Michel Blanc et son "pré-physique de vieux" dans son premier rôle de composition, qui lui ouvrira les portes hors du Splendid. LH


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