Isobel Campbell & Mark Lanegan

Ballad of the broken seas V2


La belle et la bête, le feu et la glace, le brun et la blonde... Isobel Campbell, l'éternelle évadée de Belle & Sebastian à la voix blanche et aux mélodies pop européennes rencontre Mark Lanegan, âme des Screaming Trees et rescapé des Queens of the Stone Age, avec son organe d'outre-tombe 100% américain. Autant dire que sur le papier tous les clichés sont réunis pour une nouvelle relecture du mythe masculin/féminin comme le rock'n'roll les aime. On ressort sans complexe les glorieux antécédents : Lee Hazlewood & Nancy Sinatra, Nick Cave & Kylie Minogue en poussant, pourquoi pas, jusqu'à ces chers Jane & Serge, mais en étudiant la chose d'un peu plus près, on réalise que chez les Campbell/Lanegan, fait assez rare pour être souligné, c'est Madame qui porte la culotte. Et qui couvre Monsieur d'or et de lumière, en n'hésitant pas à lui offrir les plus belles plages de ce disque qui sent bon le bois et la terre de l'Amérique profonde. Quand on pense au passé de la jeune fille ou que l'on entend les quelques pièces qu'elle s'est gardées sur l'album, on peine à imaginer ce folk éminemment britannique se changer en country rapeuse, parfaitement taillée pour la voix sépulcrale de son partenaire. Un timbre à la Johnny Cash qui n'empêche pas Lanegan et ses tatouages de filer doux et de se plier aux desiderata d'une Pygmalionne qui, les yeux dans le miroir, semble savoir parfaitement ce qu'elle veut. Il paraît que les femmes ont pris le pouvoir et que les hommes en auraient perdu leurs repères. Ça peut avoir du bon. EA


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FRANKIE