Cat Power

The Greatest Matador/Beggars


Après une première vague de louanges tissées par une presse quasi-unanime, le dernier album de Cat Power voit arriver aujourd'hui la deuxième déferlante, celle des fans déçus. Il faut dire que The Greatest est un disque fourbe. Il est facile d'y entendre une collection de chansons en demi-teinte, arrangées sans grande invention par la crème des musiciens soul de Memphis et perdant du coup ce qui faisait tout le prix de la musique de Cat Power : son âpre sensualité, sa nudité fragile. Et pourtant... Il est aussi facile de tomber pour The Greatest - sublime morceau d'ouverture aux allures de classique - et de sentir ce frisson originel parcourir l'échine de l'album de bout en bout, franchissant au passage un authentique sommet d'émotion dans les ondes balbutiantes de Where is my love. Vocalement, Chan Marshall confirme (était-ce nécessaire ?) qu'elle est incontestablement l'une des plus grandes interprètes de sa génération ; et si derrière, les pointures qui l'accompagnent ne semblent pas forcément verser dans l'extraordinaire, c'est sans doute qu'elles sont trop occupées à bâtir une assise rythmique sobre et élégante qui rende justice aux chansons de la belle. À la manière du Boatman's call de Nick Cave, The Greatest est un grand disque sur la brèche : un vent mauvais et c'est la chute dans l'ennui ; un souffle favorable et c'est l'envol vers le sublime. EA


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