Kafka sur le rivage

Haruki Murakami (Belfond)


En 2002, l'écrivain japonais publiait un court roman dont le titre disait beaucoup de son univers littéraire : Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil. De frontières, il est toujours question dans l'œuvre d'Haruki Murakami. Entre l'onirisme et la réalité, la réalité et sa représentation, l'intériorité et l'extériorité, le corps et l'esprit, le conscient et le subconscient, la vie et la mort. Ses romans, à mi-chemin entre réalisme, fantastique et poésie pure exhalent un climat unique, déroutant, énigmatique et envoûtant. Kafka sur le rivage n'échappe pas à cette règle (d'or), puisque l'ensemble de ce roman est constitué de deux courants principaux, de deux mondes parallèles. D'une part, celui de Kafka, dont l'histoire est conté à la première personne, qui fuit sa famille pour tenter d'échapper à une funeste prophétie paternelle. Son histoire bascule lorsqu'à la suite d'un évanouissement, il se retrouve dans une forêt, maculé de sang. De l'autre, celui de Nakata, un vieillard idiot et amnésique, dont l'une des facultés est de parler aux chats. On reste durant tout le récit sur le fil fragile de ces deux histoires aux tons très différents, l'une grave, l'autre loufoque avec l'impression de ne pas tout comprendre, mais de tout ressentir. C'est la force de l'écriture instinctive et ensorcelante d'Haruki Murakami, auteur (faut-il le rappeler) de l'irremplaçable Ballade de l'impossible il y a plus de vingt ans. YN


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Vous plaisantez, monsieur Tanner