The Europe Trilogy

Lars Von Trier (GCTHV)


Après l'exploitation lapidaire du mitigé Manderlay (où le propos pesant était à peine justifiée par la géniale conclusion), voici une bonne occasion de se réconcilier avec Lars Von Trier. La redécouverte de ses trois premiers films dévoile un artiste voué à ne rien faire comme tout le monde. Débutant avec un premier long (The Element of Crime) effarant de maîtrise et de noirceur, enchaînant avec une œuvre expérimentale aussi fauchée que marquante, aux airs de films de fin d'études (Epidemic), avant d'englober ses deux opus dans une trilogie dont l'équivoque Europa est le point d'orgue. Si elle est loin d'être la meilleure du trio (on vénère définitivement Element of Crime, en regrettant au passage l'absence sur cette édition de la VF, où excellaient André Wilms et Michael Lonsdale), cette dernière œuvre est fascinante à plus d'un titre : Lars Von Trier s'y montre en esthète intransigeant («Il voulait simplement faire un film parfait» dit sobrement l'un de ses collaborateurs dans les Anecdotes de Tournage), obnubilé par le pouvoir de l'image et la représentation du mal, quitte à perdre pied dans son appréhension de la morale. Si Europa contient déjà toutes les limites du talent bouillonnant de son auteur, Epidemic et Element of Crime, dans leur registre respectif, exposent avec évidence un génie presque maladif, peut-être (et déjà) trop conscient de son emprise sur le spectateur. FC


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