ARAB STRAP

"The Last romance" (Chemikal Underground/PIAS)


Le sixième album des Écossais Malcolm Middleton et Aidan Moffat est celui de toutes les surprises. La première : Moffat, probablement le plus impressionnant non-chanteur de toutes l'histoire musicale, fait des vocalises. Un titre traduit cette mue étonnante : Chat in Amsterdam, winter 2003, où il se dédouble et fait dialoguer sa voix blanche et son goût nouveau pour une approche chantée. Son comparse Middleton ne pouvait que relever ce défi du renouvellement : The Last romance est l'album le plus rock d'Arab Strap. L'ouverture, Stink, et le tube du disque, Don't ask me to dance, sont ainsi traversés par des riffs de guitare enflammés et percutants. C'est sûr, quelque chose à changer chez ce groupe majeur ; pour savoir quoi, il faut se pencher sur les textes de l'album. Cette capacité à écrire avec une langue unique un certain quotidien érotique fait de hauts et surtout de bas (sexe triste sur Stink, jalousie et malentendu sur Speed-date...), est depuis longtemps la signature d'Arab Strap. Mais ici, au fil des 10 morceaux, Moffat fait glisser ses obsessions vers une optique nouvelle : le temps qui passe (Confessions of a big brother) et, enfin ! l'amour. Moffat qui parle d'amour, ce n'est bien sûr pas la collection Harlequin ; c'est rude, maladroit, plein de doutes. Mais il faut écouter ce dernier morceau, sublime, où il envoie dinguer grippe aviaire et terrorisme, où il se dénigre en vieux beau affaissé mais confiant dans cette "romance ultime" en forme de planche de salut. Loin des cordes mélancoliques des précédents albums, ce sont des cuivres joyeux qui soulignent cet heureux événement : Arab Strap chante une chanson optimiste !CC


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