SYLVIE GERMAIN

Magnus (Albin Michel)


Dans le bien-être d'une grande et belle maison, Clémens Dunkeltal, le père du petit Franz-Georg, chante des lieder de Schubert à sa femme Théa, douce épouse et mère attentive. Le petit garçon souffre de la légère distance de son père, et serre Magnus, son nounours, dont le nom est gravé à l'intérieur de la peluche. Allemagne, 1945. Les parents fuient les alliés. Le père, ex-docteur dans les camps de concentration, disparaît pour l'Argentine. Restée avec l'enfant en Allemagne, la mère meurt lorsqu'elle apprend le décès de son mari. Difficile pour l'orphelin Franz-Georg d'être enfant de nazis. Mais est-il vraiment l'enfant de Clémens et Théa ? En voyage au Mexique sur les traces de son père, Franz-Georg se souvient. Cette montée violente d'images le plonge dans une quête identitaire effrénée. D'abord, il se rebaptise Magnus, faute de connaître ses vraies origines, et s'engouffre dans une autre vie faites de voyages, d'amours, de connaissances. Les récits de Sylvie Germain sont des sagas fleuves où les destinées poétiques de ses personnages croisent l'Histoire. On sent qu'elle l'aime Magnus, comme son fils, qu'elle l'accompagne dans son sillon, en témoignent les histoires d'amour très émouvantes, sublimées. Tout à la fois mystique et à l'écoute, l'auteure nous emporte dans son imaginaire foisonnant. Ce n'est pas son meilleur roman, on est loin de l'énergie et la fougue du Livre des nuits ou Nuit d'Ambre. De plus, la forme de Magnus, qui se veut contemporaine (succession de fragments numérotés et de notules explicatives), est gratuite et n'ajoute rien à une trame classique car chronologique. Reste que l'écriture est belle, et les métaphores uniques. SD


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