Solos d'amour

JOHN UPDIKE Seuil


John Updike est décidément infatigable. À presque 75 ans, il poursuit une œuvre colossale (un livre par an) débutée dans les années cinquante avec la parution de son premier roman, La Fête à l'asile. Une œuvre notamment marquée par la saga d'un de ses personnages récurrents, Harry Angstrom, surnommé Rabbit, qui évolue sur quatre décennies et qui s'affirme comme le parfait alter ego de l'auteur. Un héros que l'on croyait définitivement enterré avec Rabbit au repos, paru en 1990. Updike fait de nouveau appel à lui, ou plutôt à son souvenir, dans l'une des 13 nouvelles qui composent son nouveau recueil, Solos d'amour. En mettant en scène sa fille adultérine déboulant chez son ex-femme, il montre à quel point il est difficile pour un homme, et pour un écrivain, de tirer un trait sur le passé. Un passé revisité avec nostalgie dans l'ensemble de ces courts textes, qui abordent tour à tour les grandes obsessions de l'auteur : l'amour, le désir, l'ennui, la mémoire. Certes, la fougue est un peu diluée, mais elle laisse la place à une mélancolie émouvante, un regard bienveillant et sensible sur un temps révolu aux allures de paradis perdu. Il mêle avec une très grande élégance, dans un style précieux et souple, la description d'une Amérique oubliée et la chronique anecdotique des existences humaines. Un recueil de nouvelles aux allures de confidences intimes que l'on déguste avec la fièvre et l'émotion d'un ultime rendez-vous, tout en espérant qu'il y en aura d'autres. YN


<< article précédent
Asiles de fous