SUFJAN STEVENS

"Come on feel the Illinoise" (Rough Trade/Pias)


Chef-d'œuvre. Le mot est lancé. Le quatrième album de Sufjan Stevens est une claque comme le monde de la pop music n'en reçoit que très rarement et quelques secondes suffisent à jauger l'ampleur du miracle. Come on feel the Illinoise ressemble bel et bien à une démonstration (sobre et jamais... démonstrative !) de toutes les vertus que peut revêtir une poignée de chansons. Aussi bouleversante dans le plus simple appareil (une guitare, un banjo, une voix), que dans une opulence orchestrale raffinée (cuivres, cordes, chœurs et mille autres instruments, tous utilisés avec la même subtilité), l'écriture de Sufjan Stevens emporte tout sur son passage. Les mélodies, toutes belles à chialer donnent naissance à d'autres mélodies, tout aussi sublimes, dans un vertigineux jeu de tiroirs que les arrangements déclinent jusqu'à l'ivresse. Pendant près d'1h15, envolées épiques et répits lumineux se succèdent, sans que le frisson initial ne retombe une seconde. Pour ramener la chose à des qualificatifs plus terrestres et établir de vagues comparaisons forcément réductrices, Illinoise c'est un peu le meilleur de Belle and Sebastian qui aurait été produit par Jim O'Rourke ; une certaine idée de la grâce combinée au génie orchestral le plus excitant. 1h15 d'épicurisme flamboyant dont on n'est pas près d'avoir fait le tour et qui nous pousse à nous demander si, au fond, la vie a été faite pour autre chose qu'écouter ce disque en boucle. Chef-d'œuvre, au minimum.EA


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