Tout ce que j'aimais

SIRI HUSTVEDT (Actes Sud Babel)


Dans l'ombre du succès tonitruant de son écrivain de mari (Paul Auster, excusez du peu), l'Œuvre de Siri Hustvedt peine à conquérir le lectorat et la reconnaissance qu'elle mérite pourtant amplement. Celle qui a débuté sa carrière littéraire en tant qu'héroïne à peine voilée de Léviathan (Iris, anagramme de Siri) est passée de l'autre côté de la plume, et nul doute qu'Auster lui même, en lisant ces textes, se dit qu'il aimerait en être l'auteur. Actes Sud réédite en poche Tout ce que j'aimais, un roman ambitieux, admirablement maîtrisé, qui sonne comme un aboutissement des promesses entrevues dans Les Yeux bandés et surtout L'Envoûtement de Lily Dahl, ses précédents ouvrages. Au cœur du New York des années 70, Léo, critique d'art, et Bill, peintre plasticien, nouent une amitié profonde, autant existentielle qu'esthétique, que l'on suivra sur près de vingt ans. Installés dans des appartements voisins, leurs parcours se confondent, s'entremêlent et c'est par ce prisme que toutes les étapes de leurs vies seront rendues : la création, la famille, la filiation, le deuil, la sexualité, le couple, la trahison, le crime. Autant de questionnements sur le fondement même de l'identité qu'Hustvedt aborde avec le mystère et l'ambiguïté qui caractérisent son écriture et ses personnages. Des personnages complexes, névrosés, créatifs, idéalistes et passionnés qui font de Tout ce que j'aimais une œuvre intelligente et bouleversante. Un très grand roman.YN


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BUCK 65