Au-delà de la gloire

SAMUEL FULLER (Warner Home video)


Débarquant directement en DVD (en même temps que d'autres titres essentiels du catalogue Warner, comme Freaks de Tod Browning ou Docteur Jekill et Mister Hyde de Flemming), Au-delà de la gloire dans sa version longue inédite est un choc. Fuller y relate sa propre expérience de soldat, effectuant un périple à travers la deuxième guerre mondiale, des plages d'Alger aux camps libérés en Tchécoslovaquie. Il y a deux manières de prendre le film en pleine poire : primo, comme une succession de morceaux de bravoures cinématographiques, une suite géniale d'idées de mise en scène. Longue en serait l'énumération, mais il suffit d'en citer quelques-unes (le prologue sur le champ de bataille en 1918, le débarquement avec le gimmick du ressac ensanglanté sur la montre...) puis de dire que certains les ont copiés allégrement (Jeunet et, surtout, Spielberg) pour en mesurer l'importance. Deuzio : jamais film de guerre n'avait saisi avec autant d'intelligence le paradoxe du simple soldat. Fondamentalement étranger aux enjeux pour lesquels il combat mais totalement dévoué à sa mission, il est à la fois libre et soumis, acteur et spectateur de la guerre. Que lui reste-t-il alors ? Les valeurs "d'avant" : amitié, loyauté, droiture, désir... Chaque épisode d'Au-delà de la gloire reflète ces dilemmes sans jamais se départir de cette double obligation d'efficacité (tuer pour survivre, filmer le conflit comme si on y participait). C'est dans sa longueur retrouvée que le film réussit ce prodige : être à la fois un film d'action et un commentaire politique d'une intelligence souveraine.CC


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