SMOG

"A river ain't too much to love" (Domino, PIAS)


Un nouvel album de Smog sur les platines, c'est comme recevoir un mail d'un ami que l'on n'a pas vu depuis longtemps : avant tout du bonheur et de l'émotion. Car Bill Callahan, au rythme soutenu d'un disque par an, est définitivement entré dans nos cœurs, dont il analyse toujours aussi finement les errances intimes. Proche, il l'est encore plus sur A river ain't too much to love, son nouvel opus, qui appartient à sa veine la plus épurée, celle où les silences comptent autant que les accords dans les chansons. Ici, Callahan semble pousser jusqu'à son maximum l'homophonie entre "ballade" et "balade" : se promenant en poète le long de textes évoquant la joie triste de se perdre dans une forêt, de longer une rivière, de revenir en inconnu dans la ville que l'on a quittée, il accompagne ses instants suspendus de quelques notes d'harmonica et de piano, de voix en boucle rappelant le souffle du vent ou l'écume des vagues, et surtout d'une guitare tirant ostensiblement vers le blues. En ressort un sentiment d'apaisement, de sérénité, comme si les méditations de Smog se transformaient en prêches sans Dieu, qu'il est vivement conseillé d'écouter avec attention. On y trouvera alors des vérités simples et pourtant essentielles ("There is no love where there is no obstacle"), comme des leçons de vie données par un maître zen déguisé en cowboy texan. Si loin, si proche.CC


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THE HERBALISER