PAJO

"S/T" (Domino/PIAS)


La compilation de faces B et de raretés sortie l'an dernier n'était donc pas qu'une étape obligée ; c'était un véritable solde de tout compte. Débarrassé de son pseudo modulable (Aerial M/Papa M), rendu à son individualisme forcené (c'est du moins le portrait qu'il fait de lui), David Pajo, peut-être le musicien le plus important de la scène post-rock de Chicago, revient avec un album... de chansons. Finis les instrus à rallonge : Pajo assume jusqu'au bout son rôle de folkeux fragile sur ces dix morceaux parfaitement dosés et simplement merveilleux. Sa voix délicate se pose avec une surprenante harmonie sur d'extraordinaires accords de guitare presque nus (quelques bricolages électro de temps à autre rappellent son passé au sein de Tortoise et son goût pour les matières sonores, mais c'est dans un esprit presque lo-fi que cet album se déploie). C'est tout simple, on croirait le fantôme d'Elliot Smith revenu hanter l'espace musical avec quelques inédits qui n'auraient jamais dû le rester. "Habitée" est d'ailleurs le terme qui définit le mieux la musique de Pajo : seul face à lui-même, tremblant comme un communiant avant sa première hostie, il semble à plus d'une reprise convoquer l'esprit de la musique populaire, lui réclamant ici "ten more days", ou lançant un "Baby please come home" touchant de pureté naïve. Après 15 ans d'activité, David Pajo est jeune comme jamais : alleluia ! CC


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SMOG