Bad Guy

KIM KI-DUK (Asian Star/Pathé)


C'est la dernière fois avant la reprise de septembre qu'on vous rabat les oreilles avec Kim Ki-duk. Mais en même temps, on ne pouvait pas vraiment passer à côté de cette édition DVD d'un film qui nous a définitivement mis KO à sa première vision. Bad Guy est l'expression la plus virulente du génie torturée de son auteur, dont on retrouve toutes les composantes exacerbées jusqu'au malaise. Une composition picturale des plans relevant systématiquement du travail d'orfèvre (mis en abîme par les citations répétées d'Egon Schiele), de la souffrance mutique, une narration montant crescendo dans la torture mentale, quelques écarts relevant du fantastique, ou enfin une vision on ne peut plus brutale des rapports homme/femme. Jugez plutôt : un homme embrasse de force une jeune fille en pleine rue. Celle-ci se libère grâce à deux agents et crache au visage de son maquereau d'agresseur, qui pour se venger fomente un plan pour prostituer son "nouvel amour" et ainsi la garder près de lui. De ce scénario sordide, Kim Ki-duk construit une histoire où la violence psychologique est reine, où le révoltant le dispute au sublime. Un amour impossible et absurde va naître entre le bourreau et la victime, trouvant son apogée équivoque dans une conclusion poussant la logique d'auto-destruction des deux amants jusqu'au bout. Cette séquence achevée, on vient d'assister au film d'amour le plus beau et le plus atroce qui soit (prévoir une bonne semaine pour s'en remettre). FC


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PAJO