Coup de Tête

Jean-Jacques Annaud (Gaumont)


1979. Jean-Jacques Annaud, prolifique réalisateur de publicités, encaisse mal le flop de La victoire en chantant, son premier film, comédie rentre-dedans sur le colonialisme. Les bailleurs de fonds l'invitent sournoisement à retourner vers son premier métier. En pleine nuit de déprime, il reçoit le coup de fil qui va changer sa vie : La victoire... vient de recevoir l'Oscar du meilleur film étranger. Les producteurs lui font subitement de grands sourires, l'encouragent même à faire son deuxième long. Patrick Dewaere, jusqu'alors cantonné aux seconds rôles dans l'ombre des stars du moment, malgré un talent ne demandant qu'à exploser au grand jour, en sera la tête d'affiche. Le scénario, supervisé par Francis Veber, est le reflet assez évident des frustrations respectives de l'acteur et du cinéaste : François Perrin, remplaçant de l'équipe de foot de Trincamp, est envoyé en taule pour viol à la place du joueur vedette. Lorsque ce dernier ne peut assister à un match décisif, Perrin est réquisitionné sur le terrain. Il marque les deux buts qualificatifs, et devient illico la nouvelle star de Trincamp. Au dîner organisé le lendemain en son honneur, il expose non sans un certain plaisir ses désirs de vengeance... Œuvre purement jubilatoire, irradié par la hargne jouissive d'un Dewaere au zénith de son art enfin dévoilé au grand jour, Coup de tête se situe en marge de la filmo de Jean-Jacques Annaud, évoque un majeur fièrement dressé à l'attention des instances cinématographiques. L'idée est déclinée avec la furie versatile du réalisateur dans son commentaire audio, pour être totalement abandonnée dans le reste des bonus de cette édition collector, prudemment focalisés sur l'aspect footbalistique. Portrait insipide du vrai président de l'AS Guingamp, interview inepte de Guy Roux, consultant sur le film qui ne manque pas de revenir sur la petitesse de son cachet... De faibles tentatives de noyer le poisson. FC


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