Carmin Profond

Arturo Ripstein (MK2 éditions)


Difficile de ne pas penser aux Tueurs de la lune de miel, unique essai cinématographique fulgurant de Leonard Kastle datant de 1970. Près de 25 ans plus tard, le réalisateur mexicain Arturo Ripstein adapte à sa manière l'histoire tragique de ce couple d'inadaptés sociaux, poussés au meurtre par leur amour aussi inexplicable que passionné. Dès ses premières scènes, Carmin Profond adopte son ton dérangeant, le cadre soigné accueille des séquences aussi tragiques que grotesques, et happe le spectateur dans les méandres inextricables de sa love story pessimiste. La comparaison avec le chef-d'œuvre de Kastle finit par s'effacer (si ce n'est que Daniel Gimenez Cacho semble calquer son jeu atone sur celui de Tony Lo Bianco), et Ripstein nous embringue à travers son périple hautement dramatique, nous confronte avec une horreur diffuse en contournant le pathos avec élégance. La copie proposée rend un juste hommage aux atmosphères visuelles du cinéaste, à ses plans truffés de détails pernicieux, mais on peut cependant rechigner sur l'austérité de l'interactivité, cantonnée à une seule note d'intention du metteur en scène de cinq petites minutes (dans laquelle Ripstein déclare avoir voulu réaliser une œuvre sur les dérives de toute passion exacerbée ; à voir de préférence à la suite du film). On aurait aimé prolongé l'expérience un peu plus avant. FC


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