Man on fire
publié dans Cinéma par le Mercredi 1 juin 2005
TONY SCOTT (Fox Pathé Europa)
Qui aurait misé sa chemise sur Tony Scott, l'homme de Top Gun, du Flic de Beverly Hills 2 et autres nanars 80's mi-cuits dans l'esthétique publicitaire, la vulgarité crasse et la liqueur scénaristique ? Pas nous et ceci explique probablement pourquoi (en plus de l'absence de VO) on a négligé ce Man on fire à sa sortie en salles l'année dernière. La rumeur critique annonçait la chose comme une bouillie ultra-violente aux relents fachos (?), ce qui ne motivait guère... Et pourtant ! Vive le DVD qui permet de réévaluer ce thriller noir de chez noir, deuxième adaptation d'un bouquin qui avait déjà donné le moins pire film d'Élie Chouraqui. D'abord, stupeur visuelle : mélanges de format, cadres dans le cadre, jump cuts, grattages de pellicule et jeu graphique sur les sous-titres, sans parler d'une très audacieuse utilisation des focales... Scott réussit ce qu'Oliver Stone rate depuis toujours : une grammaire cinématographique renouvelée et parfaitement maîtrisée, apte à explorer les tourments intérieurs des personnages. Et Dieu sait qu'ils en ont... Dans un Mexique en pleine déréliction (rapts crapuleux sous l'égide d'une police corrompue), un ex-militaire blasé (Denzel Washington, le De Niro black) reprend goût à la vie au contact d'une petite fille qu'il doit surveiller, et dont la disparition va réveiller sa fureur. Miracle : Scott fait naître des émotions fortes et de tout ordre sans tomber ni dans le pathos, ni dans le gore, regardant en face l'horreur et l'espoir, calmant le jeu quand il cherche la subtilité, lâchant le taureau filmique quand il veut accompagner la haine vengeresse... Redécouverte indispensable !CC