New York, New York

MARTIN SCORSESE (MGM Home Vidéo)


Chouchouté par l'édition DVD (l'intégralité de ses films est désormais disponible au DVDphile français, dans des éditions toutes fort soignées, surtout depuis la ressortie en collector des Affranchis), Martin Scorsese est l'exemple typique du cinéaste anguille dont chaque film vient poser des questions aux autres. Qui, parmi les "scorsesiens" ardents, met vraiment New York, New York au panthéon des œuvres majeures du cinéaste ? C'est en tout cas un objet de plus en plus bizarre au fil du temps. Hommage à Vincente Minnelli et aux musicals hollywoodiens, il est parcouru par deux grands thèmes importants chez Scorsese, surtout quand il aborde la comédie : l'angoisse de l'échec et le surgonflement de l'ego. Car l'ascension de ce musicien et de cette chanteuse qui ne parviennent à se prouver leur amour qu'en se foutant régulièrement sur la gueule est minée par une artificialité de studio qui renvoie non seulement à la nature "cinéphilique" du film, mais aussi à la vanité dans laquelle les personnages se vautrent. À ce titre, les morceaux de bravoure (dont l'extraordinaire séquence "Happy endings", scandaleusement coupée à la sortie et replacée dans cette version intégrale) sont comme des commentaires joyeux de ce film de plaisir pur. En le revoyant, on se dit d'ailleurs que la fantaisie (même truffée de gravité) est sans doute ce qui manque aux derniers Scorsese (en plus de De Niro, qui n'a jamais été aussi bon que quand il joue les crétins orgueilleux chez son cinéaste-fétiche).CC


<< article précédent
Man on fire