La fiancée syrienne

d'Eran Riklis (Fr-Israël-All, 1h37) avec Hiam Abbass, Makram J. Khoury, Julie-Anne Roth...


Dans les montagnes du Golan, à la frontière entre Israël et la Syrie, on s'apprête à célébrer des noces entre la dernière fille d'un activiste récemment libéré de prison et d'un acteur de sitcom. Mais la jeune femme vit dans le no man's land frontalier et son futur époux habite en Syrie. Pendant que la famille (désunie) se retrouve pour préparer le mariage, une Française onusienne règle les détails administratifs, un fonctionnaire israélien reçoit un nouveau tampon pour valider les passeports, préparant ainsi le foutoir à venir... C'est l'originalité de ce joli film choral, où l'on suit dans un premier temps les péripéties picaresques de ces apatrides croqués avec un trait particulièrement inspiré (le frère dragueur et frimeur, l'ainée éprise d'indépendance, le fils qui a "trahi" en épousant une Russe) avant de les retrouver tous à la frontière. Cette mécanique scénaristique rend tous les personnages égaux devant l'absurdité de la situation : des gens sans nationalité qui préparent un mariage à l'aveugle (ou presque) et perpétuent des traditions qui se fissurent sous les volontés individuelles. Proche d'un Danis Tanovic dans No man's land (pour la rencontre entre l'histoire, le rire et la tragédie), Eran Rikfis a l'intelligence (et une grande élégance formelle) de ne charger personne (ni le flic israélien, ni le père arabe), laisse le spectateur libre de mesurer l'étendue du problème et préfère opter pour un humanisme jamais simpliste. CC


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