BONNIE PRINCE BILLY & MATT SWEENEY

Superwolf (Domino/PIAS)


Le rocker le plus productif de la planète a encore frappé ! Après un album d'auto-covers, une bande originale et quelques singles en 2004, 2005 voit Will Oldham (alias Bonnie Prince Billy) se pacser avec Matt Sweeney, guitariste rescapé de Guided by voices. Bien lui en a pris puisque Superwolf, sans atteindre les hauteurs de son chef-d'œuvre I see a darkness, est son album le plus intéressant depuis des lustres. Tournant le dos (temporairement ?) à ses récentes aspirations country, Will Oldham découvre ici les joies de l'électricité et des riffs de guitare. Point de puberté tardive cependant, la chanson mélancolique reste son rayon, et c'est à intervalles très irréguliers que ces éclairs de rage viennent trouer les silences mystiques qui composent les morceaux. Mystique : jamais Will Oldham n'aura chanté avec autant d'émouvante sincérité et avec autant de justesse comme si, disque après disque, cet ermite américain entièrement voué à l'expression musicale de ses états d'âme, se rapprochait d'une félicité presque religieuse. C'est peut-être ce qui fait la différence entre Superwolf et les albums précédents : à la fois tranchant (Goat and Mom, morceau à vif, Blood Ombrace et son sample de femme fatale) et tendre (Lift us up, chœur et orgue ouverts les cieux, Beast for thee, délicat à pleurer, Rudy foolish, épuré jusqu'à l'ascèse), il laisse des traces durables dans la mémoire de l'auditeur, fan ou pas du Prince folk.CC


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