Six feet under saison 2

ALAN BALL (Warner)


On ne le dira jamais assez : la première saison de Six feet under est un pur chef-d'œuvre ! Un miracle d'émotion retenue, déclenchant chez le spectateur des torrents de larmes et une empathie rare. Et c'est bel et bien cette retenue qui fait le prix des 13 premiers volets de la saga Fisher, cette famille américaine qui, après le décès du père, se voit confrontée à la gestion délicate de l'entreprise familiale de pompes funèbres et à des liens intimes se resserrant dans la douleur. Car chez ces gens-là, m'sieur, on ne s'épanche pas, on s'effeuille. Les sentiments sont affaire de fourmis, les choses évoluent de façon infime chaque jour, rien n'est jamais gagné et l'on ne se tombe pas dans les bras à la fin de l'épisode. Les minutes suspendues sont distillées avec parcimonie ; elles n'en sont que plus belles et plus émouvantes... Les premiers instants de la saison 2 nous replongent instantanément dans ce quotidien singulier, mais quelque chose semble avoir changé, l'état de grâce s'est envolé. Rien de honteux ou de vraiment mauvais, mais l'harmonie des débuts s'est fait la malle, les personnages tutoient des stéréotypes qu'ils avaient toujours fuis et les situations subissent la loi de la surenchère. Tout ce qui confinait au sublime vire presque au banal et les Fisher quittent leur rôle de famille-amie à l'intimité bouleversante pour celui, plus convenu, de tribu bigarrée de série télé. Pour info, la saison 1 est toujours disponible. EA


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