After Hours

MARTIN SCORSESE (Warner)


Quelques semaines avant la sortie du flamboyant Aviator, il est bon de revoir After hours, et surtout d'écouter son commentaire audio (non sous-titré, merci la Warner !). Scorsese y livre tout à trac son "projet" intime avec ce film : savoir s'il était encore capable de faire du cinéma alors que les studios hollywoodiens venaient de se prendre un coup de massue sur le crâne avec l'échec retentissant de La Porte du Paradis. Lui-même tout juste remis d'un autre fiasco (le pourtant grandiose La Valse des Pantins), le cinéaste prend donc cette commande à bras-le-corps et descend la filmer pendant une quinzaine de nuits dans les rues de Soho, quartier branché et interlope du New-York downtown. After Hours est donc comme un bilan de bonne santé de la part de Scorsese, en même temps qu'un discret examen de conscience. Le film raconte la nuit apocalyptique d'un informaticien venu s'encanailler dans les lofts arty, et qui n'y trouve que l'angoisse, le désespoir, la violence et les emmerdes. En 85 (date de sortie du film), on appelait ça "le cauchemar du yuppie". Aujourd'hui, on dirait plutôt "la Passion du BoBo", christ minable d'une époque où les revendications libertaires ont pour voisin de pallier l'obsession sécuritaire. Comédie anxiogène, After hours démontre 20 ans plus tard sa pleine pertinence. Quant à Scorsese, après l'incertain Gangs of New-York, il peut aujourd'hui savourer sa place de choix dans le cinéma mainstream, auquel il a réussi à ne pas vendre son âme.CC


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