THE DEARS "No cities left" (V2/Chronowax)


Les apparences sont parfois trompeuses. Ainsi, le meilleur disque de ce début d'année est en fait sorti l'an dernier, la pop on ne peut plus "blanche" qu'il distille est le pur produit d'un démiurge noir, quant à l'Angleterre qu'il évoque, il s'agit là encore d'un leurre, puisque The Dears arrive tout droit du Canada. Faux-semblants donc, et Angleterre. Celle des Smiths (sur deux ou trois morceaux la parenté est saisissante !), de Pulp ou de Richard Hawley ; ces types qui, non contents d'être vocalement bénis des dieux, se sentent obligés de nous achever en se révélant compositeurs brillants. Murray A. Lightburn est de ceux-là. Il enchaîne avec une inspiration sans faille, couplets et refrains plus lyriques les uns que les autres (avec un nom pareil, comment ne pas s'enflammer !), se permet toutes les fantaisies formelles et succombe à ses envies orchestrales les plus folles (3 secondes de digression jazz au piano, des flûtes venues de nulle part...). Pas de figurant, M.A.L. est un chef de troupe généreux, chaque instrument a une place de choix et chaque note semble portée par une irrésistible fougue. Un engagement dans le jeu qui, là encore, rappelle une certaine Grande-Bretagne, celle de Manchester United et d'Arsenal, ces équipes où chacun se livre à fond, jusqu'au bout, sous les ordres d'un capitaine fier et déterminé. Que les supporters se réjouissent, avec No cities left, c'est la Champions' League assurée pour The Dears.EA


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