M83 "Before the dawn heals us" (Gooom/Labels)


CD / Encore sous le choc de Dead cities, red seas, lost ghosts, deuxième album du duo M83, on attendait avec une impatience non dissimulée la suite de cette symphonie sonique à base de claviers vintage, de guitares saturées et de voix évanescentes. Before the dawn heals us, sur ce point, remplit le contrat : on y est rapidement propulsé sur l'autoroute M83, cette musique puissante composée de paysages sonores en cinémascope, défilant dans des stridences mélodiques ou se perdant dans un infini spatial sans horizon. Territoire si bien connu et si propice à la rêverie méditative que l'on n'a mis plusieurs semaines avant de se rendre compte que le duo n'était en fait plus qu'un solo, Nicolas Fromageau ayant laissé son compère Anthony Gonzalez se débrouiller avec samplers, guitares et choristes virtuelles. Pourtant, Before the dawn heals us est l'album le plus peuplé de M83 et le moins balisé, au risque du platane dans le fossé. Il fallait oser ce slow incongru (Farewell/Goodbye), sorte de Dreams are my reality sur la station Mir, ou cette scie invraisemblable qui répète ad libitum des Can't stop châtrés façon Bee Gees... Comme si M83, à force de recycler avec talent le meilleur des années 80 (Tangerine Dream, My Bloody Valentine) avait aussi voulu y inclure le pire, juste pour voir. Une tentation que l'on retrouve chez tous les vrais aventuriers français, de Tellier à Schuller : frôler le mauvais goût sans jamais tomber dedans.CC


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