L'un reste, l'autre part

de Claude Berri (Fr, 1h38) avec Daniel Auteuil, Charlotte Gainsbourg, Pierre Arditti, Nathalie Baye, Miou-Miou...


Pas vraiment remis d'Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, on subit déjà sa version quinqua sur les écrans, signée par un Claude Berri dans un egotrip qui surclasse tout ce que le pire groupe de rap français a jamais pu atteindre. Autobio à peine déguisée de sa mid-life crisis à base d'indécision sentimentale (dois-je quitter ma femme ou la tromper sans regret ?), de dépression personnelle (un petit tour à l'hosto pour soigner son mal-être) et de blessure paternelle (le fils handicapé), L'un reste, l'autre part affiche cette sincérité bulldozer comme bouclier à son flagrant manque de chair. Et ce jusqu'à l'overdose de signes extérieurs de berritude : du Warhol dans le salon jusqu'au clin d'œil Astérix, sans oublier le caméo Michael Youn façon "j'aime beaucoup c'que vous faites, ça vous dit que j'produise le prochain film ?", on ne ratera rien des faits, pensées, acquisitions et projets de son auteur. Mais lui ratera l'essentiel : le film semble avoir laissé dans ses interstices les séquences qui auraient pu élever le débat vers autre chose que la constipation psychologique, le vaudeville grivois ou la chronique XVIe arrondissement d'un milieu pour le moins étriqué, filmé avec cet académisme pompe-l'air à base de longues focales et de caméra agitée dans des appartements immenses ou plantée derrière des pare-brises mouillés. Dire que tout cela n'a pas franchement d'intérêt est un doux euphémisme, et répéter que Charlotte Gainsbourg est une des actrices les plus délicatement charismatiques du cinéma français revient à souligner une éblouissante évidence.Christophe Chabert


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