Ivre de violence et de dessin animé


Asie / A priori, 2005 ne sera pas encore l'année du rayonnement asiatique : on ne relève dans les mois à venir que de rares sorties à se mettre sous la dent, et pas toujours parmi les plus justifiées... On évoquera rapidement Breaking News de Johnnie To (annoncé en mars), polar sympathique mais finalement assez vain, n'arrivant pas à se hisser au-delà des promesses de son magistral plan séquence d'ouverture. En mars toujours, le navrant The Eye 2 des frères Pang, à réserver aux seuls amateurs hardcore de l'actrice Shu Qi, tant le sentiment de déjà-vu y tutoie l'insupportable (les fantômes de petites filles aux cheveux longs, quand t'en as vu un...). Le summum étant atteint avec Twins Effect (sortie courant 2005), relecture de Buffy contre les vampires à la sauce hong kongaise post Matrix, interprétée par deux stars de la pop cantonaise. Un nanar aussi stupide que la déception engendrée par 3... Extremes (le 30 mars) est grande. Ce film réunit trois moyen métrages horrifiques de trois cinéastes asiatiques : Takashi Miike s'en sort relativement bien en apaisant son style, Fruit Chan s'engonce dans une torpeur stérile, et le plus attendu, Park Chan-wook (Old Boy), donne l'impression de s'en foutre en se parodiant à l'outrance. La Corée sera tout de même à l'honneur grâce à Kim Ki-duk, auteur défendu ici jusqu'à la mort sur la foi de son splendide Adresse Inconnue, chef-d'œuvre poétique et barbare arrivant enfin sur nos écrans le 9 février (Bin-Jip, son dernier film, sortira le 13 avril). Prévu à l'origine fin décembre, La Pègre d'Im Kwon-taek devrait échouer chez nous en mars. Le 99ème film du cinéaste (!) était à l'origine une fresque mafieuse ambitieuse de 3 heures, il est devenu sous la pression de Pathé, son coproducteur français, un film beaucoup trop foisonnant d'1h40, survolant 30 ans d'histoire coréenne avec une rage filmique qui n'efface pas sa structure bancale. Seul rempart qualitatif incontournable, l'animation nippone nous donnera deux joyaux : Kie la Petite Peste d'Isao Takahata et Le Château Ambulant d'Hayao Miyazaki. François Cau


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L'un reste, l'autre part