Café Lumière

de Hou Hsiao Hsien (Fr-Jap, 1h49) avec Hitoto Yo, Asano Tadanobu...


Au cas où vous ne vous en seriez pas rendu compte, au Petit Bulletin, on a tendance à défendre le cinéma asiatique... Mais pas de complaisance là-dedans, et on sait faire la part des choses entre le bon grain et l'ivraie. Ainsi de Hou Hsiao Hsien dont le meilleur film, Goodbye south goodbye, remonte à bientôt 10 ans. Depuis Hou ne semble plus trop être là : des Fleurs de Shanghaï décoratives jusqu'à ce Café Lumière neurasthénique en passant par l'éprouvant Millenium Mambo, le cinéaste de Taïwan épure jusqu'à l'insignifiance, se complaît dans un minimalisme qui sonde le vide en prétendant enregistrer l'ordinaire. Donc Café Lumière : une jeune Japonaise est amoureuse d'un vieux garçon qui bosse dans une librairie et dont le hobby consiste à sillonner le métro pour capter avec un Nagra ses ambiances sonores. Elle va chez ses parents, ils mangent, ils parlent. Elle revient, elle le retrouve, ça ne passe pas. Elle retourne chez ses parents, annonce qu'elle est enceinte. Elle revient, elle le croise dans le métro, ils ne se disent rien. Fin. Et c'est tout. En 1h50 ! Sans rire. Le film se veut un hommage à Ozu, dont Hou n'a retenu que deux choses : la focale unique en plan fixe et le goût pour les scènes de repas. C'est un peu comme si on résumait le cinéma de Lynch a des effets sonores et à l'apparition de personnages bizarres, autrement dit une caricature simpliste planquée derrière la fausse subtilité d'une référence culturelle pour initiés ; tout l'inverse du cinéma de Ozu, libre, simple, direct et émouvant. CC


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