Putain, un an !

C'est au mieux en décembre 2005 que le Comœdia renaîtra de ses cendres pour faire place à un complexe indépendant de 6 salles, à la programmation choisie et à l'esprit ouvert. Luc Hernandez


Je vous parle d'un temps où les moins de vingt ans ont vu les salles de cinéma indépendantes se fermer. Depuis les années 80, à l'exception notable du CNP Odéon, seuls les multiplexes (Pathé, UGC, CGR) ont vu le jour. Exit les Paramount, Gémeaux, Bellecour, Concorde, Royal, Sully 129, Cinéjournal et autres... Il était temps que le vent tourne. On en avait rêvé, Marc Bony et Marc Guidoni l'ont fait. Grâce à un promoteur immobilier compréhensif, ils ont pu racheter le site du Comoedia fermé par UGC l'an dernier. Investissement : 4 millions d'euros. Objectif : un lieu moderne et convivial entièrement dédié au cinéma art et essai. Le nouveau Comoedia comprendra toujours 6 salles, mais entièrement réaménagées : 100 à 300 places chacune, elles proposeront un confort équivalent aux multiplexes (gradins, grands écrans, son numérique). Finies les tapisseries seventies : l'ancienne et mythique salle 1 de 700 places sera coupée en deux pour laisser la place à une brasserie type bar à vins, accessible y compris sans aller voir un film. Une librairie spécialisée (DVD, affiches...) et un espace d'expositions viendront compléter le tout.Comoedia for everCôté programmation, les deux Marc entendent développer une "approche du cinéma moins industrielle et moins standardisée que l'approche de type multiplexe", et allier "qualité des installations" et "pertinence de la ligne éditoriale". En matière de ligne éditoriale, on peut faire confiance à Marc Bony. Cet ancien directeur du bureau régional de la 20th Century Fox à Lyon a depuis longtemps prouvé son amour pou le cinéma : ayant déjà l'expérience de l'exploitation de plusieurs salles en Rhône-Alpes (dont il a revendu une partie pour pouvoir monter ce nouveau projet), il est aussi à l'origine de la société de production et de distribution Gebeka films spécialisée dans les films jeune public. Avec Kirikou et la sorcière ou Mon voisin Totoro, premier succès de Miyazaki en France, il a largement contribué au renouvellement du cinéma d'animation. Pas étonnant alors qu'on retrouve le jeune public au centre de la nouvelle programmation, notamment avec la création, si Dieu le veut et la mairie de Lyon y pourvoit, d'un "festival international en direction des enfants". Pas de catalogage pour autant, le nouveau Comoedia se veut ouvert à toutes les formes de cinéma pourvu qu'un auteur les habite, accueillant régulièrement acteurs et réalisateurs, travaillant en partenariat avec des festivals comme Cannes, Annecy ou La Rochelle et développant des programmations thématiques. Cent ans après sa création, le Comoedia pourrait bien devenir le lieu de référence des passionnés du cinéma à Lyon. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.


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