Kamchatka

de Marcelo Piñeyro (Esp-Arg, 1h43) avec Cecilia Roth, Ricardo Darin...


Gamin doré d'une famille d'intellectuels argentins, Harry fuit le coup d'état militaire qui frappe son pays, part se cacher avec ses parents et son petit frère dans une maison abandonnée pour vivre une nouvelle vie de clandestinité. Profitant de chaque moment de ce rassemblement familial forcé, Harry sent poindre l'inévitable sans vraiment le comprendre. Le drame des "disparus" argentins est vu ici des seuls yeux alertes de ce môme d'une dizaine d'années, fan de Risk et de Houdini, témoin impuissant d'une situation qui lui échappe. C'est à travers ce prisme narratif que s'exprime tout le talent de Piñeyro, cet amour fatal et irrépressible pour ses personnages qui faisait déjà tout le prix de ses magnifiques Vies Brûlées. Laissant les moiteurs troubles de son précédent opus de côté, il scrute le malheur tacite avec une finesse rare, compense une poignée de métaphores indigestes par des scènes bouleversantes, instants précieux d'un film qui garde les yeux élégamment ouverts sur son issue, fatalement dramatique. Devant une caméra distante et pourtant si intime, pudique jusqu'au malaise, les impeccables Cecilia Roth et Ricardo Darìn (Les 9 Reines, Le Fils de la Mariée) donnent chair à l'un des plus beau couple condamné vu depuis longtemps.

FC


<< article précédent
Innocence - Ghost in the Shell 2