La Vengeance dans la peau

De Paul Greengrass (ÉU, 1h51) avec Matt Damon, Joan Allen...


Paul Greengrass ne s'embarrasse pas d'un quelconque résumé des épisodes précédents. La première scène fait directement suite à l'ultime séquence de La Mort dans la Peau, et donne le ton, paranoïaque, crépusculaire. Jason Bourne/David Webb est donc à Moscou, la police à ses trousses. Il a beau connaître désormais sa réelle identité, il lui reste tout de même à savoir quelles furent les raisons qui le poussèrent à devenir un assassin d'élite et, simple routine, à échapper aux opérateurs omniprésents de la CIA, dont les pontes le considèrent toujours comme une menace.

Des bouquins de Robert Ludlum, on sait qu'il ne reste plus grand chose, si ce n'est que la psyché et la quête identitaire du personnage principal se sont vues retournées de fond en comble par Doug Liman mais surtout par Paul Greengrass, ce dernier parvenant in fine, via de subtiles touches acides disséminées ça et là (guettez le moindre détail), à métamorphoser une saga littéraire cocardière en films (doucement) contestataires. Le réalisateur de Bloody Sunday et de Vol 93, en bon fan de La Bataille d'Alger, prend visiblement un malin plaisir à se jouer de l'espace et de la tension dans les (nombreux) climax émaillant ce dernier volet - la scène à Waterloo Station est à ce titre un véritable bijou de découpage et de mise en scène.

Si la finalité artistique de la saga ne la détache apparemment pas du tout venant de la production hollywoodienne, il est plaisant de constater qu'il reste encore d'authentiques réalisateurs prêts à livrer des œuvres pertinentes et, point crucial, à faire fi des navrantes dérives gonzos en vigueur aujourd'hui (les Pirates des Caraïbes, Transformers, Les 4 Fantastiques...). François Cau


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