Simona Vinci

Chambre 411


Robert LaffontLa jeune Simona Vinci publie son quatrième livre et confirme qu'elle est l'une des voix les plus envoûtantes de la littérature italienne contemporaine. Avec Chambre 411, elle aborde à nouveau le sentiment amoureux, un thème qu'elle avait déjà exploré dans un recueil de nouvelles particulièrement réussi intitulé Dans tous les sens comme l'amour. Installée dans la chambre d'hôtel où leur idylle avait débuté, une jeune femme rédige une longue lettre à l'un de ses anciens amants. De l'inexplicable et brûlante passion des premières heures à la disparition progressive de toute intimité, ce sont toutes les étapes de la relation amoureuse qui sont passées à l'épreuve de la langue. Ce qui unit, ce qui disloque, ce qui détruit l'une ou l'autre des parties... Aucune trivialité, dans ce court roman désenchanté : Simona Vinci évite tous les clichés d'une vulgaire chronique amoureuse pour livrer une réflexion puissante sur l'illusion de l'amour : «Cette histoire est déjà finie. / Je t'ai aimé plus que je n'ai jamais aimé quiconque, je t'ai aimé plus que tout. / J'ai aimé un homme qui n'existe pas. / L'autre, celui qu'on attend depuis toujours et qui ne peut arriver». Ces quelques phrases, qui achèvent ce petit livre mélancolique et sensuel, donnent à voir toute la subtilité d'un auteur qui dit les variations imperceptibles de l'amour avec une intensité rarissime. Elles prouvent aussi, si besoin était, que le sentiment amoureux peut-être un bon sujet, à condition d'être un bon écrivain. Et Simona Vinci en est un, assurément. YN


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Alain Fleischer