Santiago Gamboa

Le Syndrome d'Ulysse


MétailiéAprès deux romans très fictionnels (Perdre est une question de méthode et Les Captifs du lys blanc), Santiago Gamboa a visiblement décidé d'apporter une touche autobiographique à ses écrits. Déjà croisé dans son précédent livre, on retrouve dans Le Syndrome d'Ulysse le personnage d'Esteban, véritable alter ego de l'écrivain colombien. Comme Gamboa en son temps, le jeune homme débarque à Paris pour y accomplir des études de lettres et, surtout, devenir écrivain. Il y découvre le froid, les chambres de bonne, les abonnements à la piscine pour la douche quotidienne, la misère et la nostalgie. Enchaînant les petits boulots, Esteban fait partie d'une large et éclectique communauté d'émigrés clandestins, du coréen Jung à la sénégalaise Susi, de la roumaine Saskia au marocain Salim en passant par sa compatriote colombienne, la sensuelle Paula. En éclatant son récit autour de ces différents personnages, Gamboa intègre à cet autoportrait à peine voilé un regard bourré d'humanité sur le sort de ces laissés pour compte, dont le salut passe avant tout par le sexe et l'exultation des corps : «J'ai compris que la misère engendre aussi une sorte d'érotisme et exprime un besoin. Le désir de rester en vie envers et contre tout, ou la constatation rassurante qu'au plus souterrain et qu'au plus bas, dans les sous-sols les plus obscurs, on continue d'imiter les gestes de la vie. Un sexe plein de compassion ou de désespoir mais qui reste la meilleure chose qu'on puisse offrir». YN


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Simona Vinci