Un homme perdu

de Danielle Arbid (Fr, 1h37) avec Melvil Poupaud, Alexander Siddig...


Road movie existentiel entre la Palestine et le Liban sur une double quête (un photographe cherche des prostituées pour lui servir de «modèles», un homme mutique essaye de se reconstruire après un drame mystérieux), Un homme perdu est lui aussi un film qui se cherche. Arbid s'inspire de la vie d'Antoine d'Agata (coscénariste), auquel Melvil Poupaud prête une ambivalence troublante et inquiétante - voilà un acteur qui se bonifie de films en films, tout en organisant avec soin sa rareté à l'écran. Cette partie, presque documentaire, sans réelle intrigue, est la plus intéressante. Les scènes de «poses» sont certes un peu répétitives, mais dégagent un parfum d'érotisme sulfureux sans jamais tomber dans le cul chic, malgré l'attention portée à la lumière et aux cadres. Plus problématique est la part fictionnelle du récit, finalement très convenue et plutôt expédiée dans sa résolution. C'est ici que ressort aussi le côté auteurisant de la mise en scène, cette façon d'élaborer un discours avant de le penser en images, de préférer le signifiant au signifié. Arbid s'inscrit dans le sillage, déjà très fréquenté, d'Antonioni, mais c'est définitivement quand elle s'en éloigne que son film gagne en singularité et en étrangeté.CC


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