La Face cachée

de et avec Bernard Campan (Fr, 1h33) avec Karin Viard, Jean-Hugues Anglade...


Dôle de film pour un drôle d'acteur-réalisateur ! D'une certaine manière, il n'y a pas grand-chose à dire sur La Face cachée car, justement, rien n'y est caché. Même la «révélation» finale, sorte de twist assez vaseux, ne suffit pas vraiment à motiver ce psychodrame sur une mid-life crisis ordinaire. De toute façon, le film, sur-écrit et mis en scène en sourdine (lumières froides, silences pesants et dialogues murmurés) ne laisse aucune place à l'incertitude : c'est du cinéma pré-mâché et facile à digérer. Toutefois, il y a une piste que le film effleure et qu'il n'approfondit pas, par pudeur probablement. Bernard Campan, loin des Inconnus, s'y interroge longuement à travers son personnage sur sa place dans le monde, parfois avec une vraie intelligence d'ailleurs, comme si ce film était pour lui à la fois une thérapie et un autoportrait : fini de rire, la mort se profile à l'horizon et la futilité n'est plus de mise. Les réactions de son entourage dans le film, plutôt critiques, prouvent aussi à quel point cultiver sa lucidité et sa vie intérieure n'est pas chose aisée dans une société bourgeoise et superficielle. Campan s'affirme alors comme un très bon acteur mais aussi comme un être riche de nombreuses fêlures. On regrette du coup qu'il n'ait pas choisi, façon Alain Cavalier, de se filmer seul avec une DV, plutôt que de tomber dans un cinéma mainstream et psychologique qui, à force de vouloir trop en dire, ne dit en définitive rien du tout.CC


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