99F

de Jan Kounen (Fr, 1h40) avec Jean Dujardin, Jocelyn Quivrin, Vahina Giocante...


Par-delà bien et mal, mais la tête la première dans le sceau d'excréments d'un libéralisme à gerber d'effroi, 99F de Jan Kounen, version extrémiste (et de fait pertinente) du best-seller pourrave de Beigbeder, ne s'évacue pas en tirant la chasse. Son objectif est atteint : on n'aura jamais autant détesté le costard-cravate, publicitaire ici mais représentant en transparence de tous les conformismes moraux, économiques et sociaux de l'Occident contemporain, qu'avec cette galerie de gens égoïstes, haineux, méprisants, camés et cramés. Le film est en soi une sorte de publicité cherchant à se venger d'elle-même, Kounen libérant toutes ses forces visuelles pour créer une mise en scène de l'imagerie démultipliée, efficace et superficielle, pour mieux en critiquer les fondements pourris et la violence feutrée. Les références cinématographiques innombrables (de Fight Club à Terrence Malick en passant par Trainspotting et Wong Kar-Wai) sont elles-mêmes traitées comme du recyclage publicitaire, en trente secondes chrono, sans aucune pensée du matériau originel. Il manque toutefois à l'ensemble la rigueur d'un Alex de la Iglesia (peut-être la vraie source à laquelle s'abreuve Kounen), ce qui aurait évité quelques gags faciles et hors sujet a priori liées à l'intervention pas toujours heureuse de Dujardin sur le scénario. Mais 99F est, non pas comme on l'a déjà entendu «une révolution dans le cinéma français», mais sa part obscure, son antithèse gore, mal élevée et nauséeuse. C'est donc, par-delà bien et mal, un objet intéressant...CC


<< article précédent
Du placard à la fenêtre